

28 apr 2025
Quelles sont les spécificités de la direction d'opérette ? Rencontre avec Lorenzo Cipriani, directeur musical
Lorenzo Cipriani a contribué à la fondation des Estivales et son expertise musicale se fait entendre dans la vallée depuis un quart de siècle. Il dirigera cet été l'orchestre des Estives et est responsable du volet musical de l'opérette qui sera présentée cet été au Freney, Le 66 de Jacques Offenbach.
Comment est née l'idée de présenter des opéras, en 2023 ?
Au Freney, grâce à l'appui institutionnel, des résidents et des estivants, nous avons toujours pu nous lancer dans des projets exceptionnels pour un village de montagne. Avec les années, nous avons gagné en qualité, avons pu inviter des artistes internationaux et avons présenté de nombreuses formes de concerts : récitals, concerts en plein air, concerts symphoniques, … L'opéra est un nouveau type de spectacle que nous avons voulu proposer avec le Bureau de l'association. Le public a semblé beaucoup apprécier cette idée qui nous demande beaucoup d'efforts et de ressources.
Quelles sont les difficultés spécifiques à cet art de l'opérette ?
Dans une opérette comme celle-ci, le plus difficile est de garder son sérieux ! L'intrigue est très drôle, et on a très envie de s'y plonger. Or, quand on dirige, il ne faut pas trop rentrer dans l'histoire et garder sa discipline. L'opérette est un art léger mais très exigeant, contrairement à ce qu'on entend. On dit souvent que quelque chose "est d'opérette" pour le rabaisser (être un musiciens d'opérette, être un cuisinier d'opérette, …), mais c'est très peu légitime…
Qu'est-ce qui vous plaît dans Le 66 ? D'où vient ce choix ?
J'ai été tout de suite conquis par ses références à un personnage typique de notre région, le colporteur. L'histoire est très vraisemblable : un colporteur essaie de rouler des voyageurs. Le village est rempli d'anecdotes ancestrales du genre ! J'aime donc l'aspect très réel de l'histoire, contient aussi beaucoup de dérision.
Avez-vous une scène préférée ?
Oui ! C'est une scène au début de l'oeuvre. Les deux voyageurs sont d'origine tyrolienne et leur pays leur manque… Ils se lancent dans une tyrolienne très "cliché" et sarcastique, ridicule mais en même temps souriante. Offenbach était lui-même allemand : il n'a pas hésité à se moquer de ses propres origines !
Comment se passe le travail avec les chanteurs, le metteur en scène, la scénariste, etc. ?
L'opéra et l'opérette sont de vrais spectacles, où l'aspect musical n'est pas le seul à prendre en considération même s'il est primordial. Chaque personne a une fonction bien précise, mais les différents aspects sont à prendre en compte en même temps car ils se contraignent mutuellement. Cela rend les répétitions assez complexes car chacun a des desiderata bien précis.
Sur les trois années, on a vu se succéder un intermezzo buffo (La Serva Padrona), un Singspiel (Bastien et Bastienne) puis une opérette (Le 66). Pouvez-nous nous éclairer sur le vocabulaire ?
Il y a énormément de terminologies pour définir ce qu'on appelle généralement un "opéra", qui fluctuent selon les époques, les villes ou même les compositeurs. Peu importe le nom de la composition musicale. La seule chose qui compte, c'est de l'écouter et d'en retirer du plaisir !
Merci beaucoup pour ces quelques mots ! Nous vous retrouverons cet été, pour diriger le Choeur des Estives et Le 66.