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31 juillet 2016 - Messe de Minuit (chœur des Estives)


Notes au PROGRAMME

Composée vers 1694, cette Messe de Minuit prend une place à part dans le répertoire sacré en épousant un formule assez désuète à son époque et surtout interdite par le concile de Trente, c'est-à-dire la messe-parodie. Le terme inventé par les musicographes indique un Ordinarium Missæ [les parties immuables de la messe : Kyrie-Christe, Gloria, Credo, Sanctus-Benedictus, Agnus Dei] composé sur une (des) mélodie(s) d'extraction populaire ou en tout cas profane. Une presque légende met en exergue les efforts du grand Pierluigi da Palestrina pour sauver la musique d'église auprès du pape Marcel, (1555/1560) menaçant d'exclure cet art du culte.

C'est par sa célèbre messe Papa Marcelli, dedicace strategique, qu'il retrouva la confiance du Saint-Siège en la polyphonie vocale au nom de la corporation des musiciens du culte, en respectant les consignes du pontife : des lignes vocales simplifiées, intelligibilité des textes, une durée limitée. Le Concile avait par ailleurs balayé tout ce qui ne convenait pas à ses nouvelles directives y compris les messes composées jusque là (par le même Pierluigi également) sur des airs populaires, notamment sur la chanson 'tube' utilisée depuis Dufay et Ockeghem, L'Homme armé. Nous voilà à Paris avec notre compositeur qui pour cette prouesse artistique utilise 10 chants de Noëls : il faut rappeler ici l'engouement sous Louis XIV, prolongé pendant tout le Grand Siècle, pour ces chansons plutôt dansantes (des bourrées, menuets, des gavottes...)

Palestrina et le pape Marcel

et dont les textes passionnés et spontanés trahissent l'origine populaire et simple. Les organistes s'étaient déjà approchés à ce répertoire en composant des nombreuses variations en général virtuoses pour leur instrument ou pour différents ensembles, pour le grand bonheur du public. Mais ces chansonnettes étant confinées aux portes des églises, interdites pendant le culte, Charpentier a trouvé la manière la plus élégante et astucieuse de leur faire emprunter le tapis rouge avec ses magnifiques solos et polyphonies, en guise de lettre de noblesse.

Les orgues de l'église Saint-Arey nous permettent de restituer un élément essentiel de cette œuvre, soit l'alternance orgue – orchestre et chœur, prévue dans la partition du Maître.

En parlant de ce genre musical, un bel exemple de composition pour orgue seul sur ces textes musicaux est la pièce Noël Suisse de Claude Daquin, musicien à son époque très apprécié surtout pour ses improvisations. En réalité ce morceau est une variation sur un 'tube international' , Il Ballo di Mantova (le bal de Mantoue). Cet air à danser datant du XVe siècle a fait un long parcours depuis sa ville lombarde d'origine, au point d'être pris par Smetana (1824-1884) pour une authentique mélodie de Bohème et de ce fait être inséré dans le beau poème symphonique Ma Patrie ; en se dirigeant vers le Moyen-Orient on le retrouve nommé Hatikvah ( en français Espérance, l'hymne national de l'état hébreu) et enfin un petit détour vers l'église catholique contemporaine, qui l'a transformé en cantique : Oh! prends mon âme.

Grand Maître du violon, Arcangelo Corelli fut chef d'orchestre et compositeur ; ses oeuvres pour orchestre constituèrent la référence fondamentale pour les compositeurs du XVIIIe siècle. La définition exacte de ses concerti est concerto grosso, c'est à dire une alternance entre le « concerto » (l'ensemble de tous les musiciens) et un groupe de 3 o 4 musiciens, dit le « concertino ». Le Concerto pour le nuit de Noël se termine avec une belle Pastorale, soit une douce et raffinée berceuse.

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